ANNIE LE BRUN
Ce qui n'a pas de prix
"À croire que sous la dénomination d’art contemporain se manifeste une politique de grands travaux, menée à l’échelle planétaire dans un but d’uniformisation, venant conforter et aggraver celle qui se produit à travers la marchandise. Car si, d’un pays à l’autre, quel que soit le continent, on retrouve les mêmes marques et les mêmes franchises, il est devenu habituel d’y voir les mêmes artistes exposer les mêmes installations. Force est de constater qu’on se trouve là devant l’art officiel de la mondialisation, commandé, financé et propagé par les forces réunies du marché, des médias et des grandes institutions publiques et privées, sans parler des historiens d’art et philosophes appointés qui s’en font les garants. Cette « entreprise culture » a toutes les apparences d’une multinationale, où se forge, se développe et s’expérimente « la langue de la domination », dans le but de court-circuiter « toute velléité critique . "
"À savoir que c’est en investissant le domaine sensible, et en y investissant des sommes énormes, que cette violence de l’argent est en train de s’attaquer à ce qui, depuis toujours, a donné aux hommes leurs plus folles raisons de vivre. "
" Il n’est que de voir la frénésie avec laquelle ce monde, désormais prétendument promoteur d’une « beauté libre » qui colorerait la vie « en se posant partout sans adhérer nulle part », s’applique à inculquer la laideur à ses rejetons à travers les jouets dont elle les gave. Il suffit de s’aventurer dans les dédales d’un de ces innombrables magasins voués à l’enfance, pour être saisi par la grossièreté des formes et des couleurs comme par la vulgarité des matériaux. "